Pop-corns, bonbons, caramels, esquimaux...etc
Pour les raisons que vous savez (voir mon 1er message sur le prix des places) je ne me rends pas très souvent au cinéma.
Mais parfois, je me laisse convaincre par mes enfants, et les ennuis commencent.
Il me faut tout d'abord choisir un film consensuel, comprendre un film qui peut être vu par tous les membres de la famille. Je ne sais pas vous, mais moi, sans être un parangon de vertu, j'ai quand même beaucoup de mal à visionner des scènes où un monsieur à sa tête entre les cuisses d'une dame ou inversement une dame positionne sa tête... enfin vous m'avez compris, et cela aux côtés des mes enfants qui, s'ils ne sont plus des bébés, ne me semblent pas être les personnes les plus appropriées pour que je regarde le film sans gêne en leur compagnie.
Ensuite, il faut que le genre du film convienne à tout le monde : soit avec un minimum de prétention intellectuelle, soit une grosse poilade, voire les deux, pas trop de sang, des acteurs qu'on aime bien, un réalisateur qu'on aime suivre, le tout à un horaire compatible avec les activités de tout le monde, bref, c'est jamais gagné. Oh non...
Enfin il ne faut pas négliger le côté pratique de l'entreprise : je choisis un cinéma pas trop loin de la maison et si possible parmi les critères qui emportent mon adhésion, le-dit cinéma doit disposer d'un parking pour des raisons de commodités évidentes ainsi que de la possibilité d'acheter ses places sur internet. La simple idée de faire la queue entourés de gens qui n'ont de cesse que de nous passer devant afin de grignoter une place, à cette seule pensée je commence à distribuer quelques séries de baffes virtuelles (bah oui, en vrai on n'a pas du tout du tout le droit de cogner les gens mal élevés, surtout s'ils sont très vieux et pourtant hein, parfois...)
Vous aurez noté que tout ça ne m'incite que peu à fréquenter les salles obscures, mais bon, rien d'insurmontable à toutes ces menues épreuves.
Le plus dur est à venir. Et meilleur est le film, plus dure sera l'expérience.
Nous voilà installés confortablement (ou pas) dans nos sièges baquets, nous sommes arrivés à l'heure, les billets électroniques en main, la salle obscure ne l'était pas, il va falloir attendre tranquillement le début de la séance.
Pendant que nous bavardons à voix basse et que chacun de nos voisins proche ou éloigné bavarde à voix haute, je me rappelle pourquoi je n'aime pas aller au cinéma...
La lumière baisse et la pub commence, bon, faut dire ce qui est, la pub au cinoche, c'est plus ce que c'était. Je me souviens des réclames d'avant qui étaient bien souvent des petites merveilles d'inventivité, de véritables tout petits courts-métrages qu'on ne voyait qu'en salles. Maintenant, c'est la même pub qu'à la maison, ordinaire, mesquine, petite, à se demander pourquoi on tient à arriver à l'heure de la séance, on aurait pu s'épargner ça, mais bon, on va pas retourner au parking pas vrai ?
D'autant que dans la salle, des gens continuent à rentrer et à s'attendre les uns les autres pile devant l'écran. Ok les pubs sont nulles, mais est-ce que c'est une raison pour stationner devant nous ? Je ne me plains pas trop non plus, pour une fois, les gens qui se sont installés dans la rangée devant nous ont eu l'heureuse idée de mettre leurs manteaux sur le siège pile devant moi, donc très bonne visibilté si ce n'est les spectateurs cloués dans la travée et faisant de grands gestes pour se faire repérer par leurs petits camarades (qui, si vous voulez mon avis n'ont rien à faire là car ils sont bien les seuls à ne pas voir ceux qui font l'admiration de toute la salle par leur constance à s'agiter en vain, quand on est miraud à ce point, pas sûr qu'on distingue les sous-titres - oui parce qu'en plus, on ne va voir que les films en VOSTFR...)
aaahhhh la lumière s'éteint, le logo THX surgit dans un bruit de tonnerre et hop ! générique ! ou début du film, ou n'importe quoi d'autre on s'en fout, le siège porte manteaux devant moi se transforme en siège tout court, c'est quasi instantané, et c'est toujours comme ça, je suppose que c'est mon karma qui est fichu comme ça, un genre de poisse éternelle qui veut que dès qu'un film commence, les gens devant moi jouent aux chaises musicales et je gagne toujours un basketteur à casquette, ou mieux une vamp sur le retour à la coiffure brushée à mort et parfois un costaud aux épaules démesurément larges, en même temps que le gamin assis derrière moi et que je n'avais pas encore repéré se met à trépigner d'excitation et manifeste son énervement à grands coups de pieds sur mon dossier, quand il ne s'appuie pas des deux mains sur le haut du même dossier (le mien donc) en m'arrachant au passage quelques touffes de cheveux.
Très vite, tout s'emballe, et même tout se déballe, bonbons, chewing gums, papiers en tout genre que l'on froisse et défroisse, si possible aux moments les plus calmes du film, y en a même un qui avait des chips une fois ! Mais alors quoi ? ils ne mangent pas chez eux ces gens ?? Ils se sont dit "ouiiii, manger à table ça commence à bien faire, si on allait se faire un gueuleton au cinéma ?" et là : coup de grâce, les pop-corns, la malédiction utltime, ma punition à moi, ils sont tous armés de leur énorme boite rouge, débordante de pop-corns blancs et croquants et ils piochent compulsivement dedans, machouillages et croquages inexorables, ponctués par les CLAC/PSSSSHHHHH dess canettes que l'on ouvre à qui mieux mieux. J'en viens même à me demander si je ne les dérange pas de rester tranquille et silencieuse dans mon siège, n'espérant même plus arriver à entrer dans le climat du film, me faisant la réflexion que ce bon Woody n'avait probablement pas prévu l'intrusion des pop-corns dans sa bande son, et moi ça me gâche mon plaisir. Voila pourquoi je ne vais que très rarement au cinéma, ce qui ne m'empêchera pas de vous recommander chaudement le Dupontel "9 mois ferme" qui est un régal absolu et ma petite vengeance à moi.
Allez, petite digression : la salle était au 3/4 remplie quand on a vu ce film sur les conseils d'un très bon de mes amis qui sait bien que pour la poilade je suis pas la dernière, nous voilà en train de visionner le Dupontel au beau milieu d'une salle qui, nous l'avons rapidement constaté, était peuplé de gens dont la grande majorité s'étaient coincés un balai dans le fondement, et moi, quand je ris, je ris, je me venge de tous les pop-corns passés et à venir, j'ai le rire bruyant et quasi-inextinguible, quand c'est parti, c'est parti ! Rien ne m'arrête, j'ai beau être un poil gênée de n'entendre aucun autre rire à part le mien, c'est trop bon ! Je laisse aller, je m'en étrangle, je pleure, j'étouffe, et ... j'en redemande ! A tel point qu'il est arrivé à mes enfants de me demander de sortir de la salle avant eux, "trop la honte maman"...c'était pour Little Miss Sunshine, moi, le klaxon coincé du combi VolksWagen, je pense que j'ai dû mettre plus d'une semaine à m'en remettre, pour vous dire, dans les transports en commun, j'évitais d'y penser, sinon hop ! retour d'allumage direct, toute seule, à pleurer de rire dans le bus, ouaip ! la méga honte, gaie, mais méga-hontre quand même...
Alors Yakemoiki voterais pour le premier qui déposerait une loi interdisant la vente et la consommation des pop-corns au cinéma ou bien ?
- Il existe, dans ma bonne ville de Bordeaux un cinéma Utopia où la consommation est interdite dans ses salles, outre la programmation exigeante de ce très bel établissement, le patron a gagné mon estime et mon infinie gratitude, si maintenant il voulait bien faire un petit effort pour condamner les sièges derrière et devant le mien, je le proposerai bien à la légion d'honneur.
l'excellent Café Utopia du non moins excellent cinéma Utopia à Bordeaux